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Eiffage, Sacyr et la place de Paris (16/04/2007)

L'OPE lancée par Sacyr sur Eiffage sanctionne l'incapacité du prédateur espagnol à prendre le contrôle du français en douceur et sans bourse déliée. Les aléas concernant le destin de l'un des fleurons national du BTP auront eu au moins le mérite de réveiller une place de Paris que l'on sentait quelque peu amorphe depuis la fusion Nyse-Euronext. Les réactions de quelques grands barons du capitalisme français donne à cette opération un relief inaccoutumé. Implicitement, c'est la ligne de conduite de la place de Paris, pour autant qu'elle existe encore qui est interrogée.
L'offre Sacyr interpelle, il est vrai, directement les grands financiers de la place qui auront à départager le management d'Eiffage et la société espagnole. Or, les man£uvres imputées à Sacyr pour prendre le contrôle d'Eiffage et le caractère pour le moins discutable de l'offre, si on la juge au fond, appellent des réponses qui ne sont pas exclusivement financières mais aussi déontologiques. En sommes plus qu'une réponse d'opportunité c'est une position de principe à laquelle on était en droit de s'attendre, de la part de la place de Paris. Celle-ci, était-elle prête à accueillir en son sein des acteurs qui tout en développant des pratiques discutables refuseraient de payer le prix de leur entrisme ? C'est précisément sur ce terrain que s'est positionné Henri de Castries rappelant dans une interview aux Echos que la prise de contrôle d'une entreprise suppose le paiement d'un prix approprié et le respect de règles d'approches ad hoc. Dans la bouche du premier gestionnaire d'actifs franşais ces mots ont une valeur particulière et devrait faire réfléchir les investisseurs encore tentés par le papier Sacyr.
Toutefois en rappelant qu'il existe des règles du jeu et des pratiques de Place, Henri de Castries fait plus que voler au secours d'Eiffage dont le sort a longtemps été lié à BNP-Paribas, proche d'Axa. Il souligne que la communauté financière de Paris, au moins dans son esprit, n'a pas renoncé à exister en tant que telle. Dans le contexte actuel de réaménagement du secteur bancaire européen, c'est un point déterminant qui emporte des conséquences autrement plus décisives que la simple survie d'Eiffage en tant qu'entreprise indépendante.
La concentration bancaire européenne est en effet en train de connaître une accélération significative, à la probable disparition d'ABN Amro, la rumeur ajoute de nombreuses opérations d'envergure dont certaines intéressent directement la place de paris comme le rapprochement un temps évoqué entre Unicredito et Société Générale. Il semble donc que "l'esprit" de place jouera un rôle important quand au sort des institutions financières françaises. Il n'est donc pas innocent de se servir d'un cas d'espèce d'importance relative pour préparer le terrain et l'opinion économique au visage que prendra pour la place de Paris à l'occasion de la reconfiguration du paysage bancaire européen.

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