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Edito : Albert Frère, histoire d'un chevalier blanc professionnel (11/12/2006)

Le capital de Lafarge est éclaté, sans actionnaire de référence, à tel point que l'on peut se demander pourquoi un raid n'a pas déjà eu lieu ? Pas de panique Albert Frère est là ! Il investit et prend jusqu'à 15%, voir dans un avenir que l'on dit proche 20% du capital. La société se retrouve sécurisée, si bien que certains envisagent une fusion avec Saint Gobain. A aucun moment le management n'aura eu à souffrir de la présence de cet hôte de marque qui soutiendra sans barguigner la « nouvelle + politique de la société.
Eiffage est assiégée par un intrus espagnol qui veut mettre la main sur APRR ? Rien de bien alarmant en fait ! Albert Frère, toujours le même, s'invite à son tour de table et assure Jean François Roverato de son soutien. Sacyr ayant compris le « message + regarde vers d'autres horizons. La menace écartée, notre pompier revend à un partenaire de confiance : la CDC.
Suez est sous la menace d’une OPA, son actionnaire de référence, Frère, pourrait être tenté de sortir moyennant une plus value juteuse ? Que nenni, séduit par les « perspectives industrielles + que présente la fusion salvatrice avec GDF, il signe des deux mains pour celle-ci ! Certes, il fait un peu grise mine, l'opération pourrait ne pas être des plus fructueuses, mais jusqu'à présent aucun des aléas rencontrés ne semblent avoir entamé son soutien de principe à l'opération.
Voila quelques uns des hauts faits du Baron Frère lors de ces derniers mois, s'il n'était belge on croirait que se sont incarnées en lui les vertus du patriotisme économique à la française. Albert Frère semble suppléer à la Caisse des dépôts et consignations lorsqu'une cause "nationale" est en jeu et que celle-ci ne peut intervenir directement. La moralité capitalistique du Baron belge est au dessus de tout soupçon. Il sait respecter les conseils d'administration qui le lui rendent bien. Réciproquement, nul doute qu'il ne prête une oreille attentive à ses actionnaires parmi lesquels on retrouve BNP-Paribas. Une banque qui est officiellement en train de liquider ses dernières participations industrielles (Eiffage en était) alors que, via la galaxie Pargesa notamment, elle joue un rôle déterminant dans la structuration du capitalisme français. De fait, Albert Frère est bien inspiré de jouer le chevalier blanc du capitalisme français.