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Edito : Fusion Nyse-Euronext : Du Rififi chez les barons du CAC (04/12/2006)

A l'occasion d'une conversation "impromptue" relatée par la Tribune, MM. Bébéar, Lachmann et Théodore ont laissé transparaître le différent qui les oppose à propos du futur d'Euronext lequel va se jouer lors de l'assemblée générale du 19 décembre prochain. Le rapport Lachmann laissait déjà transpirer les réserves que font naître le projet de rapprochement avec le Nyse parmi nombre de grands patrons français. Ceux-ci, dont C. Bébéar et H. Lachmann, préfèreraient voir Euronext passer son chemin et conserver son indépendance en attendant que Deutsche Boerse révise sa position. J.-F. Théodore, quant à lui, privilégie l'union avec le Nyse, porteuse d'un projet industriel fort. La nouvelle entité sera en effet la plus prestigieuse des sociétés de place et il la co-dirigera aux côtés de M. Thaine.
Qu'un tel désaccord ait été affiché publiquement voilà qui tranche les us et coutumes du milieu des affaires. Il n'est pas interdit d'émettre des hypothèses sur la suite des évènements. Tout d'abord, les institutions financières françaises ne sont pas aussi démunies qu'on pourraît le croire (voir note sur le rapport Lachmann). Il ne faut pas se laisser prendre par la ventilation géographique du capital telle qu'elle est communiquée, ni aux avis de franchissement de seuil, on ne connaîtra l'influence réelle des uns et des autres que lorsque seront connus les résultats du vote de l'assemblée générale extraordinaire. Or, il n'est pas dit que les institutionnels français opposés à la fusion avec le Nyse soient minoritaires. Par ailleurs, en lançant le débat publiquement et très directement entre J.-F. Théodore et lui, C. Bébéar entre enfin dans l'arène. La dernière fois qu'il s'était investi de la sorte publiquement dans la vie des affaires, J.-M. Messier avait été évincé de la direction de Vivendi Universal. Il se trouve que l'on a rarement vu le patron d'AXA prendre à cœur une affaire sans avoir le dernier mot, nombreux sont ceux qui peuvent en témoigner. Il ne faudra donc pas être étonné si l'assemblée générale du 19 décembre n'est pas un peu plus houleuse que prévu, les jeux ne sont pas encore faits. J.-F. Théodore serait avisé de ne pas prendre les regrets exprimés pour argent comptant.